Décision médicale et médecine narrative : des bons et mauvais usages du récit
Demie journée d’étude autour du travail de Marta Montello organisée par Céline Lefève et Marta Spranzi à l’hôpital Saint-Louis
Présentation : L’éthique narrative est un domaine spécialisé de l’éthique qui promeut la réflexion morale et l’analyse éthique au travers de différentes formes de récit. Cette rencontre souhaite la présenter, en préciser les fondements conceptuels et les apports cliniques, illustrer sa puissance de subversion et de transformation de la médecine.
Nous examinerons en particulier les apports du récit dans la prise de décision en médecine. Nous analyserons le concept même de « récit » et ses usages, et nous explorerons aussi, « en miroir », les points aveugles de l’éthique narrative. Qu’est-ce que le propre du
récit par rapport à l’anecdote, à la simple histoire, au discours, à la chronique ? Qu’est-ce qui n’est pas un récit ? Y a-t-il des « bons » et des « mauvais » récits en médecine et en éthique narrative ? Quelles sont les limites du récit en pratique clinique ?
J’ai eu le plaisir d’intervenir en binôme avec la Dr Michèle Lévy-Soussan lors de cette journée passionnante.
Invitées à réfléchir à ce que serait un mauvais récit, et après un détour par l’inévitable glissement mauvais récit = mauvaise copîe = mauvais élève = mauvaise note = mauvais dossier = mauvaise décision ?… Et constatant qu’un mauvais récit est souvent un récit inaudible et/ou irrecevable, nous avons tiré des fils et partagé des réfléxions à partir d’extraits de textes issus de « Madame Vertigo et son cancer – Rencontre avec une médecine déshumanisée » de Danièle Brun, du mémoire d’éthique Les deux langues du médecin de Marion Giroud et de Apnée. Nous avons évoqué le cadre et la réception des récits, leur fragmentation, la langue médicale comme outil de contrôle du récit du patient, le danger pour le médecin d’une alliance thérapeutique qui lui demande de s’écarter de la statistique, de la traduction / appropriation / depossession que représentent parfois les comptes rendus d’hospitalisation, ou encore de l’impossibilité pour le médecin et le patient de co-construire un récit commun.
Un grand merci à Céline Lefève et Marta Spranzi pour cette invitation.
Marta Spranzi et Martha Montello