Apnée de Sophie Torresi, théâtre, création collective
Durée : 1 heure
Apnée s’appuie sur une mise en scène chorale pour porter au plateau le récit à la première personne d’une mère qui évoque la vie au long cours avec un enfant atteint d’une grave maladie chronique, et qui témoigne de l’expérience brutale et profondément perturbante, d’une annonce de greffe.
Ce chœur permet de mettre en jeu la confusion mentale autant que la pensée qui s’élabore, et de rendre sensible l’intrication de l’émotionnel, du psychique et du mental qui caractérise un état de crise. Il remplit à certains égards les fonctions qu’il occupe dans le théâtre antique, telles que l’expression de la consolation, du doute, ou du sens commun. Il permet en outre de décentrer la parole, et d’éviter les postures de victime ou de surplomb. Enfin, il permet de basculer simplement, et non sans humour, d’un espace réel à un espace mental, les comédiennes s’emparant en un clin d’œil d’un personnage au détour d’un souvenir ou d’une association d’idées.
Le spectacle est composé d’une succession de courtes séquences, toujours en ruptures, qui tricotent serrés la vie quotidienne, l’effroi, le face à face avec l’équipe médicale, la mécompréhension et l’élaboration d’un choix.
Au plan scénographique, nous privilégions un espace structuré par les corps mais réduit à minima pour ce qui concerne les éléments de décor. Ceci pour des raisons artistiques, mais aussi écologiques et économiques.
Un carré de scotch blanc au sol dessine un espace dont on ne sort pas, pas le choix. Cinq chaises suffisent à évoquer une salle d’attente, un bureau, une voiture, c’est selon. Et enfin des bâches dépolies en fond de scène, tour à tour opaques ou translucides, se font paroi, mémoire, radiographies…
Le son et la lumière sont déterminants. Ils dessinent des lieux réels autant qu’un espace psychique voire organique, marquent une tension, convoquent un souvenir ou un personnage, jouent de l’invisible, de l’inaudible, du contrepoint aussi.